terça-feira, 12 de abril de 2016

Tu viens et le temps glisse...

Anaïs,
Tout ce que je peux dire, c’est que je suis fou de toi. J’ai essayé d’écrire une lettre — sans y parvenir. Je t’écris sans arrêt — dans ma tête — et les jours passent et je me demande ce que tu vas penser. J’attends avec impatience de te voir. Mardi est si loin. Et pas seulement mardi — je me demande quand tu vas enfin passer une nuit ici, quand je pourrai t’avoir à moi pour un long, long moment ; c’est une torture de te voir ainsi quelques heures et puis de devoir te rendre. Quand je te vois, tout ce que je voulais te dire s’envole — le temps est si précieux et les mots sont en dehors de la question. Pourtant tu me rends si heureux — parce que avec toi je peux parler. J’aime ton intelligence, ta préparation à l’envol, tes jambes comme un étau et la chaleur entre tes cuisses. Oui, Anaïs, je veux te démasquer. Je suis trop galant avec vous. Je veux vous regarder longtemps et ardemment, ramasser votre robe, vous cajoler, vous examiner en détail. Sais-tu que je t’ai à peine regardée ? Il y a encore trop de sacré lié à ta personne.

Votre lettre — ah ! ces mouches ! Vous me faites sourire. Et tu me fais t’adorer aussi. C’est vrai. Je ne t’apprécie pas assez. C’est vrai. Mais je n’ai jamais dit que tu ne m’appréciais pas. Je crois qu’il doit y avoir un faux sens dans ton anglais. Ce serait trop égoïste de ma part de dire cela.

Anaïs, je ne sais pas comment te décrire ce que j’éprouve. Je vis dans une attente perpétuelle. Tu viens et le temps glisse comme dans un rêve. C’est quand tu t’en vas que je prends vraiment conscience de ta présence. Et alors il est trop tard. Tu m’engourdis.
[...]
Henry
Excerto de carta de Henry Miller a Anaïs Nin

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